L’ETHIQUE, PLUS QUE JAMAIS
Il est bon d’en appeler régulièrement à l’éthique, dans nos
vies surchargées de certitudes, saturée de décisions et opinions à court terme.
Il faut rappeler systématiquement que l’éthique n’est pas la morale, pas plus
que la « bonne conscience » : elle ne dicte aucun comportement
spécifique, elle n’est d’aucune règle et d’aucun parti, elle n’est d’aucun
côté, sauf celui de l’interrogation. Il n’est pas possible de dire que tel ou
tel comportement est ou n’est pas éthique, parce que l’éthique n’est pas du
côté des réponses mais des questions. A l’opposé d’un Luc FERRY, nous
distinguons bien l’éthique, qui est une dynamique de l’esprit, incitant en
permanence à interroger nos vies (« la vie examinée » selon
ARISTOTE), de la morale visant à la réguler à partir de principes moraux
(« les impératifs catégoriques » selon KANT). Baruch SPINOZA d’abord,
plus près de nous Max WEBER, plus récemment Paul RICOEUR, tous soulignent
l’urgence et la richesse des questionnements qui vient bousculer nos conforts
d’idées, ouvrir la porte à notre entendement, complexifier nos choix souvent
trop linéaires, permettre la réceptivité au changement et à l’évolution. Le
second degré, le décalage, le « pas de côté », la prise de hauteur,
toutes ces attitudes participent de ce registre d’enrichissement, que l’art
aussi peut soutenir (« Mettez de l’art dans la vie et de la vie dans
l’art » disait Henri JANSON). Même si évidemment le principe de réalité
nous appelle à apporter régulièrement des limites aux questionnements pour
permettre l’action. Ce qui nous a amené à défendre *(bibliographie) une vision du changement comme succession de
phases de progression (éthique-questionnements) et de phases pallier
(morale-actions). L’éthique élève la morale et entraîne l’action plus haute.
En management, comme dans la vie quotidienne, l’urgence de l’éthique est
manifeste. Il ne s’agit pas du tout de
se demander « ai-je bien fait ? », question qui relève de la
morale (avec un référentiel philosophique ou religieux), mais de se demander si
ce que je vis ou fais va dans le sens du « bon pour moi et pour les
autres » (avec un référentiel personnel). L’éthique est une attitude de
vigilance sur soi-même, dont l’objet peut être aussi bien une pensée, un
sentiment, une action, ou une décision, et dont l’objectif est
l’approfondissement -et non pas la correction ou la répression. En entreprise,
le management est en permanence fait de choix, de décisions,
d’engagements, de suivis et d’évaluations de travaux et de personnes. Et en
permanence le questionnement éthique vient enrichir et développer la pertinence
du jugement, l’efficacité des actions, et la justesse des relations.
Pour peu qu’on ait une exigence personnelle à ces niveaux…
JPT